Le saignement de grossesse est-il normal et que faire en cas de pertes de sang ?
Quand une femme est enceinte, les moindres anomalies ou changements dans son corps peuvent susciter de l'inquiétude. L'apparition de saignements vaginaux pendant la grossesse figure parmi ces préoccupations qui peuvent générer du stress et de l'anxiété chez les futures mamans. Le saignement de grossesse est-il normal ou symptomatique de quelque chose de plus grave ? Décryptons ensemble les principales raisons des saignements pendant la grossesse et comment réagir le cas échéant.
L’arrêt des règles, signe de grossesse
L’arrêt des menstruations (aménorrhée) est souvent le premier symptôme de la grossesse se prolongeant tout au long de celle-ci. La femme enceinte observe donc une absence de saignements mensuels. Toutefois, il faut savoir que durant le premier trimestre de la grossesse, environ 25 % des femmes enceintes peuvent expérimenter un saignement de grossesse.
Ces saignements se manifestent généralement au début d'une grossesse intra-utérine, où l'embryon est correctement implanté dans l'utérus, et la grossesse démarre normalement. Parmi ces cas, 93 % continuent sans complication jusqu'à l'accouchement tandis que dans de rares cas, la grossesse peut s'interrompre.
Le saignement de grossesse au premier trimestre est tout à fait normal, mais il peut aussi être le signe de conditions spécifiques nécessitant une investigation et un traitement approprié, comme une grossesse extra-utérine, une fausse couche ou une môle hydatiforme.
Est-il normal de saigner en début de grossesse ?
Au début de la grossesse, il est courant de rencontrer des pertes vaginales et des saignements, phénomènes exacerbés par les changements hormonaux propres à cette période. Le saignement de grossesse, bien que fréquent pendant le premier trimestre, est généralement sans gravité.
Les saignements considérés comme non préoccupants durant la grossesse incluent ceux liés à l'implantation, communément appelés saignements de nidation. Ils surviennent lorsque l'embryon se fixe dans l'utérus. Habituellement de courte durée, ces saignements ne persistent que pendant 1 ou 2 jours.
Une légère irritation du col de l'utérus ou du vagin (par exemple après un toucher vaginal ou un rapport sexuel) peut également provoquer un saignement de grossesse qui s'estompe généralement après environ 2 jours.
Par ailleurs, des saignements mensuels, souvent qualifiés de "règles anniversaires", peuvent continuer à se produire à la date habituelle. Ils simulent les menstruations pré-grossesse. Bien que ces phénomènes soient généralement sans danger au cours du premier trimestre, il est recommandé de signaler tout saignement inhabituel à votre gynécologue.
Le saignement de grossesse dans le cadre d’une grossesse intra-utérine
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Causes et symptômes
Une grossesse intra-utérine est une grossesse qui se déroule normalement, où l'embryon s'implante correctement dans l'utérus. Cependant, des saignements gynécologiques au premier trimestre sont rapportés chez certaines femmes enceintes. Ces dernières peuvent alors expérimenter :
- des symptômes typiques de grossesse comme les nausées liées à la grossesse des vomissements et de la sensibilité mammaire ;
- des saignements vaginaux répétitifs sans douleurs ligamentaires pendant la grossesse, suggérant que la grossesse se poursuit sans complications.
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Diagnostic
Si vous observez un saignement de grossesse, il reste important de consulter un médecin pour en déterminer la cause. Le diagnostic implique un examen clinique suivi d'une échographie pour examiner l'utérus, l'embryon et sa fonction cardiaque. L'échographie peut révéler :
- une grossesse arrêtée précocement, sans activité cardiaque de l'embryon ;
- une évolution incertaine de la grossesse, nécessitant une surveillance échographique supplémentaire ;
- la présence d'un hématome, avec une évolution généralement favorable de la grossesse ;
- une échographie normale sans cause évidente des saignements.
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Prise en charge et traitement
Le traitement en cas de saignement de grossesse dépend des résultats échographiques :
- si l'échographie montre un développement normal du fœtus malgré les saignements, une surveillance attentive est recommandée ;
- en cas d'arrêt de la grossesse, l'intervention médicale ou chirurgicale dépend de l'état de la femme et de l'intensité des saignements.
Si une anomalie chromosomique est suspectée ou si l'échographie ne confirme pas définitivement l'arrêt de la grossesse, une nouvelle échographie est conseillée après un délai recommandé pour clarifier l'évolution de la grossesse.
À quoi peuvent-être dus les saignements de grossesse ?
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Grossesse extra-utérine
Une grossesse extra-utérine se produit lorsque l'embryon se fixe et croît en dehors de l'endroit habituel de gestation (habituellement dans une des trompes utérines, au lieu de la cavité utérine). Les signes de cette condition incluent :
- un retard menstruel ;
- des douleurs pelviennes unilatérales, généralement sourdes avec des pics de douleur aiguë ;
- un saignement de grossesse léger, de couleur sombre.
La détection d'une grossesse extra-utérine est considérée comme une situation d'urgence. L'examen gynécologique initial peut suggérer cette condition, confirmée par :
- une échographie pelvienne, qui révèle l'absence de grossesse dans l'utérus et peut indiquer une masse sur une trompe utérine ;
- une analyse sanguine des niveaux de l'hormone bêta hCG, qui seront élevés en cas de grossesse active.
La prise en charge médicale du saignement de grossesse doit être immédiate pour prévenir des complications graves, comme la rupture tubaire. Le traitement vise à retirer l'embryon mal positionné, adapté selon le contexte clinique du patient.
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Fausse couche
La fausse couche est le terme utilisé pour désigner l'interruption spontanée d'une grossesse avant la 22e semaine d'aménorrhée, période avant laquelle le fœtus peut survivre hors de l'utérus. Les fausses couches survenant avant la 14e semaine sont qualifiées de précoces et constituent la majorité des cas, tandis que celles intervenant entre la 14e et la 22e semaine sont considérées comme tardives.
Les symptômes pouvant indiquer une fausse couche incluent :
- l’arrêt des signes habituels de grossesse, comme les nausées, vomissements ou tension mammaire ;
- des saignements vaginaux évidents, rouges, accompagnés de caillots et de débris tissulaires brunâtres ;
- des douleurs abdominales basses, similaires à des crampes ou des douleurs menstruelles et semblables à des contractions.
Le diagnostic de fausse couche est principalement établi par un examen gynécologique et confirmé par échographie, permettant de déterminer si l'expulsion du fœtus est complète ou incomplète. Dans le cas d'une expulsion complète et d'un examen clinique normal, aucun traitement spécifique n'est nécessaire, mais un suivi est recommandé. Pour une expulsion incomplète, le traitement varie en fonction de l'intensité des saignements et des symptômes.
Si l'expulsion n'est pas totale mais que les saignements ne sont pas préoccupants, il est possible d'attendre 1 à 2 semaines pour une expulsion naturelle. Si cette expulsion spontanée ne se produit pas, une intervention est envisagée.
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Placenta praevia
Le placenta praevia se caractérise par une implantation du placenta dans la partie inférieure de l'utérus, recouvrant partiellement ou totalement le col de l’utérus. Les saignements de grossesse associés au placenta praevia surviennent généralement au cours du troisième trimestre de la grossesse. Ce saignement de grossesse peut être déclenché par des activités physiques, des rapports sexuels ou même les mouvements du bébé. Il peut être indolore, c’est pourquoi il est impératif de consulter immédiatement un professionnel de santé en cas de saignements liés au placenta praevia.
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Placenta abruptio
Le placenta abruptio, également appelé hématome rétroplacentaire, se produit lorsque le placenta se détache de la paroi de l'utérus avant l'accouchement. Les saignements associés au placenta abruptio sont généralement peu abondants et de couleur foncée, accompagnés de douleurs abdominales soudaines et très intenses. Cette situation constitue une urgence médicale nécessitant une intervention immédiate.
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Môle hydatiforme
La grossesse môlaire caractérisée par une môle hydatiforme est un phénomène rare dans les pays occidentaux. Une môle hydatiforme se forme à partir d'une prolifération non cancéreuse des cellules trophoblastiques. Ces dernières constituent la couche externe de l'œuf peu après la fécondation et sont essentielles à la formation du placenta. Cette condition se présente généralement sans embryon ou, dans de rares cas, avec un embryon présentant un développement anormal.
Les symptômes incluent des saignements vaginaux et des manifestations de grossesse particulièrement exacerbées, comme des vomissements et une tension mammaire accentuée.
Lors de l'examen gynécologique, un utérus anormalement agrandi par rapport à l'âge gestationnel peut indiquer une môle hydatiforme. L'échographie révèle un aspect floconneux de l'utérus et peut montrer la présence de kystes ovariens. Un niveau élevé de l'hormone hCG dans le sang est également un indicateur.
La prise en charge médicale comprend l'aspiration du contenu utérin, suivie d'une analyse histopathologique pour confirmer le diagnostic. Après le traitement, le suivi se concentre sur la surveillance de la baisse du taux d'hCG jusqu'à normalisation.
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Irritation ou infection du col de l’utérus
Les infections du col de l'utérus (cervicite) ou de l'utérus lui-même peuvent entraîner un saignement de grossesse. Les infections sexuellement transmissibles comme la chlamydiose ou la gonorrhée peuvent se manifester par des saignements légers, des pertes vaginales anormales ou des douleurs lors des rapports sexuels. Elles peuvent causer des complications graves pour la mère et le bébé. En cas de saignements anormaux pendant la grossesse, il est essentiel de consulter un médecin pour écarter toute infection.
De plus, certains saignements légers ou taches de sang dans les sous-vêtements peuvent résulter de l'irritation du col de l'utérus. Cela peut être dû à un rapport sexuel ou à un examen gynécologique, en raison de l'augmentation de la vascularisation du col de l'utérus. Ce saignement de grossesse est généralement bénin et se résorbe rapidement. Cependant, il est crucial de signaler toute perte de sang anormale à votre médecin pendant la grossesse pour obtenir des conseils appropriés.
Quand consulter pour des saignements chez la femme enceinte ?
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Saignements légers
Des saignements légers, de couleur rose ou brunâtre, qui ne s'accompagnent pas de douleurs sévères, peuvent être considérés comme sans gravité. Toutefois, il est prudent de mentionner ce saignement de grossesse à votre équipe soignante lors de votre prochaine visite prénatale.
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Saignements intenses ou prolongés
Face à des saignements importants, souvent similaires à ceux d'une période menstruelle normale, ou si les saignements durent plusieurs jours, il est crucial de chercher une aide médicale sans délai. Une évaluation rapide par un professionnel est nécessaire pour diagnostiquer la cause et entamer le traitement adapté.
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Saignements avec douleurs aiguës
Un saignement de grossesse accompagné de fortes douleurs abdominales ou de contractions nécessite une consultation immédiate. Les douleurs intenses ou les saignements conséquents requièrent souvent une intervention médicale d'urgence.
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Saignements et symptômes alarmants
Des saignements en conjonction avec d'autres signes inquiétants comme des vertiges, de la faiblesse, une perte de liquide amniotique, de la fièvre, ou une diminution des mouvements fœtaux, exigent une consultation médicale urgente. Ces symptômes pourraient signaler des complications graves nécessitant une prise en charge immédiate.
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Saigner pendant la grossesse : peut-on prévenir les pertes de sang ?
Il est malheureusement impossible de prévenir tous les saignements de grossesse, car certaines causes échappent à notre contrôle. Cependant, il est crucial d'adopter certaines mesures pour réduire les risques de complications concernant le saignement de grossesse. Voici quelques recommandations :
- assurez un suivi médical régulier tout au long de la grossesse ;
- suivez attentivement les conseils de votre professionnel de santé ;
- évitez les rapports sexuels si votre médecin le recommande ;
- limitez les activités physiques intenses ;
- évitez de soulever des objets lourds ;
- accordez-vous suffisamment de repos et évitez le stress excessif.
Je suis enceinte de moins de 3 mois et je saigne, que faire ?
Si vous êtes enceinte ou pensez l'être et que vous constatez des saignements, cela nécessite une attention immédiate. Il est crucial de réaliser un bilan médical comprenant un examen gynécologique, une échographie et éventuellement des analyses sanguines dans les plus brefs délais. Vous pourrez également vérifier qu’il n’y a pas de problèmes liés à la toxoplasmose pendant la grossesse ou encore de protéinuries pendant la grossesse.
Consultez en urgence dans les cas suivants :
- si vous présentez des saignements génitaux abondants accompagnés de malaise ,
- si, en âge de procréer, vous avez un retard de règles associé à des saignements vaginaux, avec ou sans expulsion de tissus brunâtres, ainsi que des douleurs pelviennes ;
- si vous saignez et que vous ressentez de la fièvre.
En cas de doute concernant un quelconque saignement de grossesse, n'hésitez pas à consulter votre médecin traitant, un médecin généraliste ou un gynécologue. Vous obtiendrez une prise en charge adaptée et des conseils personnalisés selon votre situation.