Souvent méconnue du grand public, la protéinurie est une anomalie qui demande une attention particulière, surtout chez les femmes enceintes. En effet, cette concentration anormale de protéines dans les urines peut entraîner diverses complications. Ainsi, pendant la grossesse, des analyses d'urine mensuelles sont effectuées pour vérifier le taux de protéines et détecter toute pathologie ou complication éventuelle. Quelles sont les origines des protéinuries de grossesse et comment les diagnostiquer ? On vous explique.
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Les protéinuries de grossesse, qu’est-ce que c’est ?
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La protéinurie se caractérise par la présence anormale de protéines dans les urines, souvent associée à une altération des fonctions hépatiques ou rénales. Normalement, le taux de protéines dans les urines est minime car les reins assurent une filtration efficace. Cependant, pendant la grossesse, les reins peuvent être incapables de remplir cette fonction de filtration, entraînant ainsi la protéinurie.
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La recherche principale porte sur une protéine nommée "albumine", habituellement retenue par le filtre rénal en raison de sa taille. Parfois appelée "albuminurie", cette condition nécessite une attention particulière, car elle peut signaler la présence d'autres symptômes de prééclampsie chez les femmes enceintes, comme le gonflement, la prise de poids de grossesse, les maux de tête, les troubles visuels, la fatigue et l’insomnie de grossesse, les vomissements et nausées de grossesse ainsi que les douleurs abdominales.
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Il est donc crucial de surveiller de près ces signes et de consulter rapidement un professionnel de la santé pour un diagnostic précis, permettant ainsi de détecter précocement toute complication potentielle due à des protéinuries de grossesse.
Les causes de la protéinurie chez la femme enceinte
Les origines des protéinuries de grossesse sont variées et peuvent signaler diverses conditions. Dans certains cas, elle peut résulter d'une infection urinaire, nécessitant parfois un examen cytobactériologique des urines (ECBU) pour confirmer le diagnostic.
L'albuminurie peut également être associée à des pathologies de grossesse comme la prééclampsie, l'hypertension artérielle ou le diabète gestationnel, posant ainsi des risques potentiels pour la mère et le bébé.
Les protéinuries de grossesse peuvent aussi être révélatrices d'une maladie rénale chronique, une condition qui peut passer inaperçue et n'est pas nécessairement liée à la grossesse (bien qu'elle puisse avoir des implications pendant cette période). Souvent, ces affections rénales sont détectées de manière fortuite lors d'examens de routine pendant la grossesse.
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Comment diagnostiquer la protéinurie de grossesse ?
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- Le dépistage des protéinuries de grossesse est une étape essentielle lors des consultations de suivi de grossesse, où des analyses d'urine mensuelles sont réalisées. Ces tests d'urine, obligatoires et couverts à 100% par l'Assurance Maladie, visent à détecter précocement toute anomalie qui pourrait affecter la santé de la mère ou du fœtus, ou représenter un risque pour la grossesse et l'accouchement. Ils peuvent être effectués par différents professionnels de santé, comme les sages-femmes, les médecins généralistes ou les gynécologues obstétriciens.
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- Le diagnostic des protéinuries de grossesse se fait à partir d'un échantillon d'urine recueilli dans un laboratoire d'analyses médicales. Si le taux de protéines dépasse 0,3 g/l, un test sur 24 heures peut être prescrit : toutes les urines sont collectées pendant une journée et une nuit.
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- En cas de présence de protéines dans les urines, un suivi attentif est mis en place pour surveiller l'évolution de la situation, notamment en vérifiant la pression artérielle et l'apparition d'autres symptômes de grossesse potentiellement problématiques. Il est crucial de prendre au sérieux la détection de la protéinurie, car elle peut indiquer des complications graves pour la mère et le fœtus. Cependant, il est important de noter que la présence d'albumine dans les urines n'est pas nécessairement synonyme de complication majeure.
Quel est le seuil normal de protéinurie pendant la grossesse ?
Il est important de noter que le niveau de protéinurie considéré comme normal chez une femme enceinte est plus élevé que chez une personne en bonne santé en dehors de la grossesse. Ce niveau sera déterminé par une prise de sang de grossesse.
Alors que le seuil habituel à surveiller pour une personne non enceinte est généralement fixé à 150 mg par jour, chez une femme enceinte (en raison des modifications physiologiques affectant la filtration des protéines), la concentration de protéines dans les urines ne doit pas dépasser 300 mg par jour. C'est seulement au-delà de ce seuil que des préoccupations peuvent être soulevées et que des investigations supplémentaires peuvent être nécessaires.
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Reconnaître une prééclampsie : les symptômes à surveiller
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La prééclampsie, également connue sous le nom de toxémie gravidique, est une complication de la grossesse caractérisée par une dysfonction rénale et une hypertension artérielle. Bien qu'elle survienne généralement après 20 semaines de grossesse, elle peut se manifester à n'importe quel stade, y compris au premier trimestre de la grossesse.
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Selon l'Inserm, environ 40 000 femmes sont touchées chaque année en France, représentant environ 5 % des grossesses. Cependant, pas d’inquiétude : la plupart des femmes atteintes de prééclampsie sont rapidement mises sous surveillance et accouchent de bébés en bonne santé.
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La surveillance des signes physiologiques et cliniques est essentielle pour détecter la prééclampsie. Tout au long de la grossesse, il est important de surveiller les symptômes comme les gonflements des membres, les maux de tête, les douleurs abdominales et douleurs ligamentaires de grossesse, les troubles visuels, les nausées ou vomissements, et les saignements de grossesse, pouvant être liés à un décollement placentaire. En cas de présence de ces signes sur la durée et avec une intensité notable, il est impératif de consulter rapidement.
Comment traiter les protéinuries de grossesse ?
- Le traitement des protéinuries de grossesse repose sur la prise en charge de sa cause sous-jacente. Il est crucial de traiter la cause plutôt que la protéinurie elle-même. En cas d'infection urinaire, par exemple, le traitement antibiotique permettra de réduire la présence de protéines dans les urines. Pour la prééclampsie, la seule solution efficace est l'accouchement.
- L'urgence de cette décision dépendra du stade de la grossesse et de la gravité de la prééclampsie, allant de la surveillance avec des médicaments antihypertenseurs à l'hospitalisation, voire à l'accouchement immédiat par césarienne si nécessaire.
- Dans les cas les plus critiques, une interruption de la grossesse peut être envisagée pour protéger la santé de la mère et du fœtus. Bien que les protéinuries de grossesse puissent ne pas être nécessairement graves, une attention médicale appropriée est essentielle pour écarter toute complication ou pathologie liée à la grossesse.
- Il est donc primordial de suivre les recommandations de votre professionnel de santé pour garantir votre bien-être et celui de votre bébé. En cas de déni de grossesse, il est également crucial de réagir rapidement après le résultat du test de grossesse tardif, et de réaliser un bilan prénatal complet pour s’assurer que tout va bien.
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Peut-on réduire les protéines dans les urines pendant la grossesse ?
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Malheureusement, il n'existe pas de traitement spécifique pour réduire le taux de protéines dans le sang et les urines d'une femme enceinte. En cas de prééclampsie, la meilleure option pour stopper ce phénomène et protéger la mère et l'enfant est d'envisager l'accouchement, parfois prématuré. Heureusement, dans la plupart des cas, la prééclampsie survient après la 34e semaine de grossesse, offrant ainsi la possibilité de faire naître le bébé en toute sécurité.
Si la protéinurie est détectée avant la 20e semaine de grossesse, elle peut indiquer un problème rénal, isolé ou non. Dans ce cas, une surveillance étroite est nécessaire, même après l'accouchement. Il est crucial de s'assurer que les fonctions rénales et la tension artérielle se normalisent après la grossesse pour garantir la santé à long terme de la femme.