Déni de grossesse : qu’est-ce que c’est et comment l’identifier ?
Le déni de grossesse demeure l'un des phénomènes les plus fascinants et méconnus de la psychologie humaine. Imaginez : porter un enfant sans en avoir conscience pendant des mois, voire jusqu'à l'accouchement. C'est une réalité pour certaines femmes, pour lesquelles la grossesse demeure invisible. Mais qu'est-ce que le déni de grossesse exactement ? Comment le reconnaître et quelles sont ses conséquences ? Dans cet article, levons le voile sur ce sujet délicat et malheureusement encore trop tabou.
Qu’est-ce qu’un déni de grossesse ?
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Définition
Le déni de grossesse signifie qu’on est enceinte sans le savoir. C’est l'une des manifestations de la négation de la grossesse, aux côtés des grossesses dissimulées ou refusées. Il se caractérise donc par le fait d'être enceinte depuis au moins 3 mois sans en avoir conscience, bien que certaines femmes puissent parfois avoir des moments de lucidité pendant cette période. Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le déni de grossesse n'est pas toujours lié au désir ou non d'avoir un enfant.
Ce phénomène est classé comme un trouble de la gestation psychique, représentant un mécanisme inconscient de défense face à un traumatisme ou une angoisse. Il est important de distinguer le déni de grossesse de la grossesse cachée, où la femme choisit délibérément de dissimuler son état à son entourage tout en étant consciente d'être enceinte.
En France, le déni de grossesse concerne environ 1 grossesse sur 500 selon les études épidémiologiques. Chaque année, une centaine de femmes accouchent inopinément après un déni de grossesse total. Plusieurs facteurs peuvent entraver la reconnaissance d'une grossesse : l'absence d'aménorrhée, la prise de contraception, une augmentation abdominale peu perceptible, ou encore une prise de poids faible ou inexistante.
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Différents types de dénis de grossesse
Le déni de grossesse peut revêtir 2 formes principales :
- Le déni de grossesse partiel : le déni de grossesse partiel se manifeste lorsqu'une femme prend conscience de sa grossesse entre la fin du premier trimestre et la période de l'accouchement. Dans ce cas, la reconnaissance de la grossesse peut soudainement entraîner des changements corporels significatifs en quelques heures. Cette forme de déni est la plus courante et peut poser des défis uniques.
- Le déni de grossesse complet : moins fréquent, le déni de grossesse complet se produit lorsque la femme ne prend conscience de sa grossesse qu'au moment même de l'accouchement. Dans ce scénario rare, la future mère peut être totalement inconsciente de sa condition jusqu'à ce que le travail commence, ce qui peut être source de choc et de confusion pour elle et son entourage.
Quels sont les symptômes du déni de grossesse ?
Le déni de grossesse se manifeste par une absence de conscience de l'état de grossesse, accompagnée de signes cliniques qui peuvent tromper la femme enceinte, son entourage et même les professionnels de santé.
La persistance des règles est courante, ce qui contribue à masquer la grossesse. En effet, l'aménorrhée (retard de règles) est souvent considérée comme le premier signe d'une éventuelle grossesse.
Les symptômes de grossesse les plus communs, comme les nausées de grossesse ou encore l’insomnie de grossesse. De plus, certains signes peuvent être confondus avec ceux des menstruations, par exemple une douleur à la poitrine, qui peut être de règle ou de grossesse.
Certains symptômes moins connus, comme la constipation due à une grossesse ou encore la douleur ligamentaire de grossesse sont plus difficiles à discerner puisqu’on ne sait pas toujours à quoi ils sont dus. Un saignement de grossesse est également tout à fait possible, c’est-à-dire qu’une femme peut continuer à avoir ses règles tout en attendant un enfant.
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Autre caractéristique étonnante du déni de grossesse : l'absence ou la légère augmentation du périmètre abdominal. Parfois, seule une petite bosse abdominale est perceptible, passant ainsi souvent inaperçue. Pendant les 9 mois de grossesse pour un déni total ou jusqu'à la découverte de la grossesse pour un déni partiel, l'utérus s'allonge le long de la colonne vertébrale, et le fœtus se positionne derrière les côtes. Ainsi, la grossesse est physiquement peu ou pas perceptible. De plus, il n'y a généralement pas la classique prise de poids liée à une grossesse.
Un autre signe caractéristique du déni de grossesse est l'absence de perception ou d'identification des mouvements fœtaux. Parfois, ces mouvements peuvent être confondus avec des troubles digestifs. Enfin, les symptômes de grossesse habituels (comme les seins sensibles, les nausées, la respiration courte, les envies fréquentes d'uriner ou les problèmes de dos) sont souvent atténués.
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Ignorer sa grossesse : quelles sont les conséquences ?
Ignorer sa grossesse peut entraîner des conséquences graves, tant pour la femme que pour le fœtus. Le déni de grossesse expose le fœtus à diverses complications :
- un risque accru de prématurité ;
- un poids de naissance plus faible (généralement inférieur à 2,5 kg) ;
- un retard de croissance intra-utérin ;
- un risque élevé de nécessiter des soins néonatals intensifs ;
- une augmentation du risque de mortalité fœtale due à des fausses couches ;
- des décès intra-utérins ;
- des anomalies congénitales.
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L'accouchement imprévu consécutif à un déni total représente un traumatisme majeur à la fois sur le plan psychologique et physique. La mère peut accoucher seule et sans assistance médicale : elle est alors exposée à des risques de complications graves comme l'hémorragie post-partum. Pour l'enfant, la naissance peut être périlleuse et entraîner différents scénarios tragiques, comme des complications à la naissance, un manque de soins adéquats ou des cas de néonaticide.
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Cela peut-il arriver sous pilule ou stérilet ?
Est-il possible de passer à côté d'une grossesse tout en prenant la pilule ou en ayant un stérilet ? Oui, car aucune méthode contraceptive n'est totalement infaillible. Ainsi, même lorsque l'on prend la pilule ou que l'on utilise un stérilet, il existe toujours un risque de grossesse, surtout en cas de mauvaise utilisation de la contraception (oubli de pilule, mauvaise pose du stérilet, etc.).
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Par conséquent, la possibilité de vivre un déni de grossesse sous pilule ou stérilet n'est pas à écarter. Ces deux méthodes contraceptives peuvent aussi altérer les règles : la pilule peut induire de "fausses" menstruations, tandis que le stérilet peut provoquer des saignements irréguliers. Ces perturbations peuvent compliquer la détection précoce d'une grossesse.
La prise de conscience durant une grossesse invisible
La prise de conscience de la grossesse dépend du type de déni que la femme traverse. Dans le cas d'un déni de grossesse partiel, elle peut réaliser sa situation lors d'une consultation chez son médecin généraliste, d'une visite chez son gynécologue, ou même au cours d'une simple conversation entre amis qui éveille l'idée de la grossesse.
Cette prise de conscience peut être bouleversante pour la femme qui, ne s'attendant pas à devenir mère, peut ressentir un mélange de choc et de culpabilité : "Comment ai-je pu passer à côté de ma grossesse ? Ai-je négligé les signes ?" Avec la découverte de la grossesse, le corps de la femme se transforme rapidement : le ventre s'arrondit et les symptômes se manifestent de manière plus évidente.
En revanche, pour celles qui vivent un déni de grossesse total, la situation est bien plus complexe. Elles peuvent découvrir leur grossesse seulement lors de l'accouchement, une expérience qui peut être extrêmement traumatisante. Certains établissements hospitaliers offrent une prise en charge spécifique pour ces mères. Dans des cas plus rares, l'accouchement peut même survenir à domicile, sans préparation ni assistance médicale.
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Quelles solutions pour détecter un déni de grossesse ?
Identifier un déni de grossesse peut être un défi, surtout lorsque les signes habituels de la grossesse sont absents. Cependant, plusieurs méthodes peuvent être utilisées pour diagnostiquer cette condition ;
- Réaliser un test de grossesse : même en cas de déni de grossesse, ce test de grossesse sera positif si une grossesse est présente. Vous pouvez faire un test urinaire ou une prise de sang de grossesse. De plus, un examen gynécologique et une échographie peuvent également aider à confirmer un déni de grossesse.
- Faire une échographie abdominale : on la conseille dès l'apparition de douleurs abdominales chez une patiente. En effet, selon le Collège national des gynécologues obstétriciens français, près de 40 % des cas de déni présentent des symptômes "mal identifiés".
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En cas de levée d'un déni partiel de grossesse, les changements corporels chez la future mère peuvent se produire rapidement après la prise de conscience de la grossesse. Ces évolutions ne suivront pas le calendrier de grossesse classique, et peuvent survenir d’un seul coup. Quant au déni total, il peut être levé lorsque des douleurs abdominales intenses surviennent pendant le travail, poussant la patiente à consulter en urgence. Dans ces cas, la levée du déni se produit souvent lors de l'accouchement.
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Et après l’accouchement, que se passe-t-il ?
Après un accouchement survenant suite à un déni de grossesse, la femme a le choix quant à la suite des événements. Dans le cas d'un déni partiel, elle peut envisager des procédures pour accoucher sous X avant la naissance. Dans le cas d'un déni complet, la possibilité d'adoption pour le bébé peut être envisagée. Enfin, la mère peut également décider de prendre en charge et de garder l'enfant, malgré son arrivée inattendue. Elle sera alors accompagnée par des professionnels de la santé, que ce soit d’un point de vue pratique ou psychologique.